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Trinité Sport VTT
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2 mars 2021

Une petite renaissance pour une grande absence...

La renaissance de ce blog et peut-être même du blog tout court.

D’accord, j’ai relu l’ancien contenu et ce n’était pas du grand art. Beaucoup de fautes d’orthographes, un récit très maniéré et très simpliste. Mais il y avait une énergie, une envie de crier à qui voulait l’entendre que nous vivions avec nos vélos une expérience différente d’une simple pratique sportive.

Ces écrits ont cessé, pas les virées avec toi Yann. Celles-ci sont devenues plus intimistes. Le « nous » qui signifiait le club s’est lentement mué en une poignée de furieux plus radicalisés dans leur pratique. Chercheurs d’endorphines par piqures de dénivelés exagérés. Il fut un moment, où il n’était plus besoin d’écrire que nos expériences étaient différentes, puisqu’elles l’étaient (hormis quelques photos facebook. Tout le monde ne peut avoir ta modestie, quoique je note que tu t’étais mis sur insta dernièrement).

Nous le club, nous les furieux, moi.

Moi bien seul et perdu face à un manque et à la promesse non tenue du toujours plus, toujours mieux, toujours tout court. Alors pourquoi reprendre ces récits achevés ? Peut-être pour gueuler à la face du monde que je t’ai connu.

Alors zieuté ça madame, monsieur, et oui, c’est Yann Beunard, je l’ai connu moi.

 

Je voudrais à mon niveau retranscrire quelques brides d’aventures entre le dernier article du 10 août 2010 et ce funèbre mois de février 2021. Je n’ai pas la prétention de vous apprendre qui il était. Simplement prolonger de doux souvenirs suants et plein d’émotions.

 

Ainsi qu’indiqué ci-avant. Ma prose ayant ses limites, seuls les voyages pouvant être agrémentés de photos seront ici racontés. Ne nous mentons pas, on sait tous qu’au fil du récit le texte se transformera irrévocablement en simple contour d’image.

 

L’exigence de ces photos nous fait passer l’époque août 2010 jusqu’à l’été 2012. Un vol d’ordinateur et son disque dur ne permettra pas de raconter entre autre le Mont-Blanc, le Maroc, ni le balbutiement de la pratique du ski de rando (spoiler : si le blog doit s’enrichir d’autres récits d’aventures, n’attendez plus beaucoup de vélo !) et d’autres sorties qui n’en restaient pas moins des voyages aux portes de nos maisons par l’engagement qui les caractérisaient.

 

Je voudrai seulement retranscrire ce dialogue sur les flancs du mont Toubkal.

Sur une idée de Yann, nous visions le point culminant de l’afrique du Nord, 4167 m.  Après une dépose en 4x4 puis des heures de portage sans aucun mètre de roulage (en fait à peu prés 2000), le fait le plus remarquable était que rien ne garantissait que nous ne devrions pas aussi intégralement porter le vélo à la descente.

« Yann, où est-ce que tu as vu que ça passait à vélo ? – J’ai regardé la vue satellite sur GOOGLE EARTH et le chemin semblait bien marqué ».

Moralité : Les mètres roulés à la descente ont été comme les températures à la météo ou le nombre de manifestants dans une grève : il y a les réels et les ressentis, les selon la préfecture et les selon les manifestants.

 

Alors nous voilà en ce jour du 3 juillet 2012 en vallée d’Aoste (spoiler bis : ca sera pas la dernière fois, article à suivre ?).

Programme : enchainement en 3 jours de 3 sommets fleuretant avec les 3500 m d’altitude. Participants : Yann, le petit frère et l’homme qui racontera cette aventure 10 ans après.

  

 

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Notons le rangement du sac à Yann

 

Après un réglage minutieux sur le parking, avoir soigneusement rangé nos sacs et effectués quelques échauffement, Nous sommes partis sur un rythme modéré en discutant de la maxime Nietzchéene selon laquelle « seules les pensées qu’on a en marchant valent quelque chose ».

Non, je déconne ! On a fait comme d’habitude : les sacs à l’arrache en bourrant tant que ça pouvait rentrer. A peine le temps de serrer la roue que Yann était déjà comme une panthère en cage avec des wheelings en guise de rugissement. Premier coup de pédale, serre la poignée et essaie de gainer pour rester le plus statique et efficace au pédalage. Le cœur en travers en essayant de tenir la roue puis de le rattraper.

 

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Attaque à l'avant

Bien, sur j’ai eu le coup de la pipette du camelback pour m’asperger au moment où je réussissais non sans mal à récupérer les roues. Alors que j’avais le cardio à 200, il avait du faire une blague du genre « Fais pas la gueule, t’es tout rouge et tu dis rien, profite un peu du paysage ».

Arrivé en haut de la route goudronnée, pause. On tombe rapidement d’accord que Niestche c’est quand même la classe et qu’il en est de même sur les paysages qui nous entourent. Ces 8 secondes passées, on repart.

Choix cornélien : à gauche un chemin peu marqué représenté sur notre carte avec des pointillés qui indiquent passage dangereux. A droite, une belle piste bucolique à flanc qui nous permettrait de tranquillement gérer le gros programme de la journée avec une marge confortable.

On a donc pris la piste. Non, je déconne encore, va pour le chemin qui peut nous faire franchir le Rubicon du reste du programme de la journée.    

 

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Le choix de la simplicité 1

 

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Choix de la simplicité version 2

 

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Le Rubicon

 

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De l'usage des câbles

 

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Moment bucolique

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On est pas venu pour ramasser des fleurs non plus

 

Equilibre sur ses rives, le Rubicon aura à peine réussi à mettre quelques éclaboussures sur nos cadres.  

Retour sur la piste débonnaire. Nous voila enfermés au cœur du cirque de By. Les sommets qui nous entourent côtoient tous les 3000 m et nombreux au-delà de 3500m. Notre objectif du jour est la tête blanche de By avec ses modestes 3400 m. Le reste du programme est simple : portage discontinu.

Temps assez nuageux, peu engageant, ambiance austère. Il est temps de lâcher l’obligatoire : « On se sent petit  dans tout ça ».

Arrivera-t-on en haut ? Un problème pour oublier tous les autres.

 

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Finies les petites fleurs.

 

Résolution du problème simple : un pas après l’autre. Les pierriers succèdent au pâturage, puis les dalles de lauze. Un pas après l’autre, un problème gros et difficile pour oublier tous les autres. Dalles de lause, échelles, terrain morainique. Bonne humeur de Yann, le problème est en voie de résolution. 3000 m, refuge.

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On fait moins le malin

 

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Explosion dans 5-4-3-...

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Houston, we have a problem

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Gestion de problèmatique

 

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Entraide....

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Abnégation

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Délivrance provisoire

Le moment du basculement, le moment de faire un choix.

Deux options : rester au refuge, boire des bières, refaire le monde et régler ou au moins parler des autres problèmes : l’injustice, le temps qui passe, nos aspirations non réalisées,… ou se concentrer sur le problème d’un pas après l’autre pour aller toujours plus haut.

Donc un pas, puis un autre, et encore un pas parfois  un peu plus gros pour franchir le rocher. Le frérot a trouvé une troisième option : à l’agonie sur la terrasse du refuge.

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Option 3

Je ne sais pas s’il y a de bonnes méthodes dans cet effort somme toute assez inutile. Il paraît que la solution la plus adaptée est de se créer une sorte de petite bulle, un monde intérieur où se réfugier pour ne pas de décourager de la répétitivité de l’effort et oublier les signaux de fatigue envoyé par notre corps. Une autre méthode plus cartésienne consiste à avoir les yeux rivés sur son altimètre et compter les mètres restant jusqu’au point fatidique. 3429 m  en espérant que son altimètre est bien réglé. Je ne crois à l’existence de la troisième méthode qui est de se gargariser du paysage nous entourant. Les pratiquants de cette méthode auraient choisi l’option 1 au refuge.

La mienne était un hybride : regarder la montre, calculer le dénivelé restant, regarder ses pieds et se dire « Allez, je ne regarde pas en haut, je vais rester assez de temps sans regarder ma montre, oublier la notion de temps et lorsque je regarderai mon alti, le sommet sera tout proche ». Cette méthode m’a toujours apporté que des désillusions. Une vraie école d’apprentissage de la vie, je vous dis.

Je n’ai jamais réfléchi à quelle était la méthode de Yann. En fait je n’ai jamais envisager que qu’il puisse être en difficulté dans de telle  ascension. Jardin secret, montre ou peut-être pieds ? Je ne le saurai jamais.

3100, 3200, 3300, 3400, summit.

 

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Un petit pas pour l'homme, un minuscule pas pour le VTTiste.

 

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Yann en vue arrièe, ça va pas durer.

 

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Ah, j'ai menti. On a roulé 20 mètres à la montée

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Alors for intérieur, montre, pieds....?

 

Bon chacun sait que la finalité n’est pas la destination mais le chemin parcouru. Mais quand même, quelle destination (et quel chemin !).

Je laisse les photos parler d’elles même pour la descente.

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Saloperie de vie. Qu'est ce que c'était bon.

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No comment 1

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No comment 2

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En apesenteur.

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Atterissage en vue

 

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En route pour l'accueil local

Nous expérimentons l’accueil des hôtes ces lieux isolés  et rudes : nous nous faisons chasser du coin du poêle à bois et nous sommes assignés au bout de la pièce alors que nous sommes les seuls aventuriers en ce début de saison estival. Trop de bonne humeur et le rire communicatif et l’enthousiasme de Yann n’étaient, semble t’il pas en phase avec leur conception du lieu.

Tu craignais que le gap trop important entre le bord de mer le matin et une nuit à 3000 m le soir serait préjudiciable à ton sommeil. Tu avais expérimenté une méthode pour favoriser le sommeil à base de verre de bière, un pichet de vin et un bon digestif des familles. L’endormissement fut aussi fulgurant que la déshydration due l’excès d’alcool et le mal de crâne du reste de la nuit.

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A ton étoile

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Lieu de débauche

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Un problème pour oublier tous les autres. Cette solution était facile à l’époque. Aucun sommet ne semble aujourd’hui assez haut pour oublier ton absence ? Les quelques reliefs qui se profilent n’arrivent pas à masquer ton souvenir en lévitation au-delà des dernières de crêtes.

 

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